Le Livret

La Chapelle de Notre Dame de Penmern

par Toinette Le Vu

Le pays de Vannes, particulièrement à l’Ouest, est très riche en églises, chapelles et calvaires qui témoignent de l’attachement de nos ancêtres à leur foi. Ces édifices constituent des lieux de rassemblement, de rencontre et ressourcement spirituel.  urLe pays de Vannes, particulièrement à l’Ouest, est très riche en églises, chapelles et calvaires qui témoignent de l’attachement de nos ancêtres à leur foi. Ces édifices constituent des lieux de rassemblement, de rencontre et ressourcement spirituel. 

Chaque édifice est lié à un terroir, une époque, à un saint ou à une sainte et est parfois entouré de légendes, il traduit dans la pierre la vigueur de la foi.

La Chapelle de Notre dame de Penmern en Baden est simple et fort ancienne. Elle date de la seconde moitié du XVème siècle, du XVIème siècle et enfin du premier quart du XIXème siècle. Elle est inscrite dans un acte du Duc Jean V de Bretagne en 1480. La Chapelle est édifiée à l’endroit le plus élevé du hameau et est entourée en contre-bas de marais d’où son nom en français : Notre Dame du haut des marais (Mern signifiant marais et Pen signifiant haut, début, tête)

La petite chapelle de Penmern a inspiré les artistes à plusieurs reprises. Jean Frélaut l’a gravée en 1906 et 1908 et peinte en 1912.

A l’origine elle était rectangulaire, on lui a rajouté deux bras qui dessinent un faux transept et s’éclairent de deux fenêtres en plein cintre.

La croix qui surmontait le clocheton ayant subi les outrages du temps a été remplacée. Elle a été fabriquée par Jean Hubert, artiste ferronnier local.

Une sacristie est venue se loger dans l’angle nord-est du chœur. Cette importante transformation doit dater de 1821, millésime qui se lit au-dessus de la porte maintenant maçonnée du bras méridional. Elle conserve toujours sa belle et ancienne accolade à haut fleuron du XVIème siècle.

La porte frontale avec l’oculus et le clocheton au-dessus du porche pourraient appartenir au XVIIIème.

Mais la chapelle remonte plus haut dans le temps car elle présente, à sa façade occidentale, deux contreforts obliques, en appareil, terminés en talus. Ils soutiennent un pan de mur sur lequel repose l’assise horizontale des rampants lisses. Cette architecture semble appartenir au XVème siècle. D’autre part la porte de la longère méridionale présente, posé sur deux corbelets d’angle, un linteau sculpté d’une pointe d’accolade.

L’architecture intérieure est récente, achevée au XIXème siècle. Elle comprend des éléments plus ou moins anciens (voir aussi recherches récentes).

De grandes fenêtres plein cintre à vitrage simple éclairent la nef. Le plafond reprend la tradition morbihannaise avec son lambris bleu foncé piqué d’étoiles blanches.

Le sol de la Chapelle côté chœur est dallé de vieilles pierres calcaire.

Une balustrade ou table de communion en bois de chêne tourné et mouluré délimite le chœur. Elle date du XVIIIème siècle.

Dans le chœur l’Autel vigoureusement peint en faux marbre présente, sur la face antérieure du tombeau galbé, l’agneau divin et deux angelots de style baroque aux extrémités de sa table élégamment moulurée. Bien qu’il ait été avancé dans le chœur et dégagé de ses superstructures, il continue de s’inscrire dans la perspective du retable-lambris appliqué au mur de chevet. Cet ouvrage de menuiserie date de la restauration du XIXème siècle. Il est divisé en compartiments par quatre pilastres cannelés avec chapiteaux et couronné d’une corniche à modillons moulés en plâtre qui assure son unité.

Sur le dessus de l’Autel figure une peinture du Christ en croix entouré de la Vierge Marie et de St Jean l’évangéliste, réalisée par le badennois Jean-Bernard Blaise.

Au centre figure un grand tableau de l’Assomption signé Parfait Pobéguin en 1857 : « La Vierge Marie » soulevée par deux anges, monte au ciel, vêtue d’une robe rose et enveloppée d’un manteau bleu dans un grand mouvement ascendant, jouant sur les gonflés des tissus.

Parfait Pobéguin, artiste peintre né en 1823 d’une famille originaire de Meucon, fut orienté tout d’abord vers la sculpture par le recteur de Meucon Mathurin Samson, qui lui réclama ensuite des tableaux pour la paroisse. Il réalisa de nombreux tableaux religieux : on peut admirer les œuvres dans l’église de Ploërmel, St Gildas Locoal- Mendon, Lizio et Penmern en Baden.

De part et d’autre du tableau de l’Assomption, debout sur des socles de bois, se tiennent deux statues : la statue de la Vierge, datant du XVIème siècle, porte sur la tête une couronne en métal doré et tient l’Enfant Jésus sur le bras droit, puis la statue de St Gildas, abbé au visage enfantin, porte sa crosse et le livre de la règle, datant également du XVIème siècle.

Sous le tableau de l’Assomption le tabernacle est posé sur un support en hauteur. Il est droit, mouluré, polychrome, doré, présentant un décor en bas-relief sur le battant, l’entrée de serrure losangée est en fer forgé.

Sur le mur nord du chœur, le tableau des « Pèlerins d’Emmaüs » peint par Gabriel Girodon, du début du XXème siècle, enseigne aux fidèles une scène de l’Evangile.

Les disciples d’Emmaüs cheminant sur la route de Jérusalem à Jaffa, sont rejoints par

Jésus ressuscité qui, dans le village d’Emmaüs, à 11 km de Jérusalem, leur donne le pain consacré selon le rite eucharistique.

Gabriel Girodon (1884-1941) né à Saint-Quentin d’une famille modeste connaît une enfance difficile et très jeune manifeste un goût particulier pour le dessin. Il est admis à l’école de dessin fondée par Maurice Quentin de La Tour dont il deviendra directeur.

A la fois sculpteur, peintre de portrait et de genre, fresquiste, dessinateur de vitraux, il traite de sujets très variés avec une prédominance pour le portrait et les sujets religieux.

Ce tableau est une donation de l’épouse du Docteur Louis Guillou, Suzanne. La famille de Suzanne était voisine de la famille du peintre.

D’autre part cette bienfaitrice de la chapelle était issue d’une famille de tisseurs de lin, elle a légué à la chapelle du linge ancien qui a pour qualité d’être tissé selon des procédés anciens.

Deux bannières ont été brodées par Mme De Barmon.

La famille de l’ancienne présidente de l’association Judith Morris a offert le fauteuil du célébrant. Il avait été donné par les Morris à une église anglaise. Cette dernière étant désacralisée, Mr et Mme Morris ont souhaité que le fauteuil intègre le chœur de la chapelle Notre Dame de Penmern. Le style néo-gothique est particulièrement élégant.

A l’angle du chœur, un groupe sculpté grandeur nature en plâtre ou en terre cuite représente L’abbé St Bruno avec de gros yeux globuleux effrayant les enfants. Le fondateur des chartreux, étroitement serré dans sa robe blanche, tient à la main gauche le rouleau de la règle et de la main droite semble recommander trois moinillons debout à ses pieds. De l’autre côté, la mitre abbatiale est posée à terre. La facture est originale, le saint étant coulé dans sa robe blanche avec des moinillons à ses pieds observant les préceptes de l’abbé. Cette statue exceptionnelle proviendrait du manoir de Cardelan construit au XVème siècle. La disparition de la chapelle du manoir avant 1809 explique la présence de cette statue dans la chapelle.


L’aile nord est garnie d’une autre vierge couronnée tenant l’enfant Jésus devant elle.

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Une autre statue de plâtre représentant St Eloi, comme en atteste son matériau, date de la fin du XIXème siècle. Le saint évêque bénit un cheval couché à ses pieds et portant licol. Monsieur Le Paul l’a moulée à Quimper.

Des béquilles déposées en ex-voto étaient monnaie courante dans les anciens lieux de pèlerinage.  

De l’autre côté (l’aile sud) une grande Pietà poly-chromée en plâtre ou en terre cuite est d’inspiration ancienne, cherchant à restituer les œuvres du XVIème en Morbihan. Vierge de pitié, assise sur un rocher, tient le Christ gisant sur ses genoux, le bras droit pendant à terre.

Au-dessus un tableau de style naïf représente la nativité : L’Enfant Jésus sur sa couche de paille, à sa droite la Vierge et St Joseph, à gauche les Rois Mages, dans le ciel au-dessus d’un château deux anges avec le phylactère du gloria. La toile est timbrée d’un blason de sable à trois croix potencées d’argent : deux en chef et une en pointe.

A droite du tableau trône une grande statue de Ste Thérèse offerte par la famille de l’Abbé Ehanno.

A l’extérieur du Chœur la Vierge dorée debout, portant l’Enfant Jésus, représente Notre Dame de Penmern et date du XVIIIème siècle.

Autrefois elle était portée sur un brancard durant la procession du Pardon, tout comme les deux magnifiques trois-mâts à deux rangées de sabords. Des chevaux fleuris suivaient la procession, plus tard ils furent remplacés par des tracteurs agricoles également fleuris, puis par les bateaux des ostréiculteurs et des plaisanciers.

De nos jours une simple procession avec les bannières descend au Pont Neuf où se déroule la bénédiction de la mer adressée à tous ceux qui ont péri en mer et à ceux qui en vivent. Une gerbe est jetée dans la mer.

De l’eau de mer est puisée lorsqu’il y a un baptême au cours de la messe du pardon.

Ensuite la procession revient vers la chapelle au son de la musique bretonne.

A la voûte de la nef, fixé par tenon chevillé directement dans la charpente, est suspendu un grand crucifix ancien en bois, croix à bras fleuronnés, base en pomme de pin, datant du XVIIème siècle.

Les médaillons en plâtre surmontés d’une croix qui constituent le chemin de croix se succèdent le long des murs.

Deux bénitiers en granit, l’un circulaire et l’autre polygonal desservent les deux portes en service.

Les ex-voto marins : deux frégates sont suspendues au milieu de la chapelle.

La première est la « Constance », frégate caractéristique du Ier empire construite à Brest à partir de 1812 par Pierre Degay, d’après les plans de Jacques Noël Saillé, brillant ingénieur naval. Elle est mise à l’eau en 1823. Elle est dotée d’un armement de quarante-six pièces et a navigué jusqu’en 1936

Le donateur de cette maquette est probablement René Mahéo, capitaine de navire à Baden, qui nomma ainsi son brick-goëlette construit à Auray en 1850.

La deuxième frégate, de dimensions plus réduites le « Henri », témoigne de l’évolution de ce type de navire vers 1840-1850. Réalisée sur le modèle de la « Belle Poule » elle est armée de soixante canons dont deux placés sur les sabords de retraite sur une poupe plus ronde destinée à résister aux tirs d’enfilade de l’ennemi.

La proue du navire fermée est caractéristique de ce type de frégate.

Des bancs très anciens et des bancs plus récents permettent aux visiteurs de venir passer un moment de recueillement.

Au fond de la chapelle deux armoires complètent l’ameublement.

Devant la chapelle se dresse une haute croix et un peu plus loin, à l’entrée du manoir du Bois-Bas, une autre, beaucoup plus petite porte une effigie du Christ gravée dans la pierre.

L’Association des Amis de la chapelle de Notre Dame de Penmern a été fondée durant l’année 2000. Son but est de veiller à l’entretien de la chapelle, de décider de la réalisation de travaux nécessaires pour la conservation de ce patrimoine.

Le premier Président se nommait Pierre Gillet, il a beaucoup œuvré pour conserver ce patrimoine en état.

Source des documents : livre du chanoine Joseph Danigo « Eglises et Chapelles du Pays de Vannes », inventaire de la Chapelle, différents renseignements recueillis sur Internet

Textes : Marie Antoinette Le Vu.

Photographies : Ronan Le Guernevel, Marie Antoinette Le Vu

Fait à Baden, Février 2016

Notre Dame de Penmern en 2016

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